
1. Introduction
Alexandra David-Néel était une orientaliste, tibétologue, chanteuse d’opéra, féministe, journaliste, anarchiste, écrivaine, exploratrice et bouddhiste française ayant vécu 101 ans.
2. Enfance
Alexandra David-Néel est née le 24 octobre 1868 à Saint-Mandé. Son père se nomme Louis David et sa mère Alexandrine Borgmans. Rejetée par sa mère, elle a une enfance malheureuse. Pour que la jeune fille reçoive une éducation rigoureuse, elle est envoyée par son père dans un pensionnat calviniste (branche la plus rigoureuse du protestantisme). Très tôt, Alexandra sent qu’elle est née exploratrice et possède une grande curiosité des croyances religieuses.
3. Jeune adulte
En 1889, à sa majorité (21 ans), elle se convertit au bouddhisme. La même année, pour se perfectionner en anglais, elle part à Londres où elle fréquente la bibliothèque du British Museum. L'année suivante, elle va à Paris pour s'initier au sanskrit (langue des textes religieux hindous et bouddhistes) et au tibétain. Elle suit aussi des cours à l'École pratique des hautes études. Alexandra David-Néel entre au Conservatoire royal de Bruxelles, où elle étudie le piano et le chant. Elle reçoit un premier prix de chant. Alexandra David-Néel, qui ne cache pas ses idées féministes et anarchistes, écrit, sous le pseudonyme de Mitra, de nombreux articles pour des revues anarchistes comme la Fronde. Au début du XXe siècle, elle publie plusieurs articles sous le pseudonyme d'Alexandra Myrial et pour gagner son indépendance financière, elle exerce ses talents de cantatrice dans de nombreux pays. En 1904, à 36 ans, à Tunis, elle épouse Philippe Néel de Saint-Sauveur qui lui apportera la sécurité financière nécessaire pour ses voyages.
4. Son périple
- Arrivée au Sikkim
Afin de pouvoir étudier des textes bouddhistes sacrés, Alexandra David-Néel décide de partir pour le Sikkim (petit État indépendant situé au Nord de l’Inde) où elle arrive en 1912 à 43 ans. Alexandra devient une experte en matière de bouddhisme tibétain, elle est la première dame Lama de l’histoire. Elle se lie d'amitié avec le fils aîné du souverain de ce royaume. En 1914, elle rencontre dans un des nombreux monastères visités le jeune Aphur Yongden, âgé de 15 ans, dont elle fera, en 1929, son fils adoptif. Tous deux décident de se retirer dans une caverne transformée en ermitage à plus de 4 000 mètres d'altitude, au nord du Sikkim. Elle arrive à Kalimpong où elle rencontre le 13e dalaï-lama (le plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain) qui est très intrigué par cette femme Occidentale bouddhiste.
- Séjour à Lachen
Fin mai, elle se rend à Lachen, où elle rencontre le Gomchen Rinpoché, le supérieur du monastère de la ville. Elle vit plusieurs années à Lachen auprès d'un des plus grands gomchens dont elle a le privilège de recevoir l'enseignement. Surtout, elle est en profite pour franchir à deux reprises la frontière tibétaine, toute proche, et ce malgré l'interdiction. Vers la mi-novembre 1912, elle visite le Népal, et se rend en pèlerinage sur le lieu de naissance du Bouddha à Lumbini, le 10 janvier 1913.
- Direction le Tibet
Le 13 juillet 1916, sans demander la permission à quiconque, Alexandra David-Néel part pour le Tibet en compagnie de Yongden et d'un moine. Elle projette de visiter deux grands centres religieux proches de son ermitage. Le 19 juillet 1916, elle se rend chez le panchen-lama (deuxième plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain). Le 26 juillet, elle part de Shigatsé en ayant reçu les titres honoraires de lama et de docteur en bouddhisme tibétain. Elle poursuit son escapade au Tibet en visitant l'imprimerie de Narthang. Le 15 août, elle est reçue par un lama à Tranglung. À son retour au Sikkim, les autorités coloniales britanniques, poussées par des missionnaires exaspérés par l’accueil réservé à Alexandra par le panchen-lama et mécontents de ce qu'elle ait ignoré leur interdiction de pénétrer au Tibet, lui notifient un avis d'expulsion.
- Voyage au Japon, en Corée, en Mongolie, en Chine et au Tibet
Comme il leur est impossible de rentrer en Europe en pleine guerre mondiale, Alexandra et Yongden quittent le Sikkim pour l'Inde puis le Japon. Alexandra et Yongden partent ensuite pour la Corée, puis Pékin en Chine. De là, ils choisissent de traverser la Chine d'est en ouest en compagnie d'un lama tibétain. Leur périple dure plusieurs années à travers le Gobi, la Mongolie, avant une pause de trois ans (1918-1921) au monastère de Kumbum au Tibet, où Alexandra, aidée de Yongden, traduit la célèbre Prajnaparamita, ensemble de textes sacrés bouddhistes.
- Séjour à Lhassa
Déguisés respectivement en mendiante et en moine et portant un sac à dos le plus discret possible, Alexandra et Yongden partent ensuite pour la ville interdite. Pour ne pas trahir sa qualité d'étrangère, Alexandra, alors âgée de 56 ans, n'ose pas emporter d'appareil photo, de matériel de relevé ; elle cache toutefois sous ses haillons une boussole, un pistolet et une bourse avec l'argent d'une éventuelle rançon. Ils atteignent finalement Lhassa en 1924.En mai 1924, l'exploratrice, exténuée, « sans argent et en haillons », est hébergée, ainsi que son compagnon, chez les Macdonald pendant une quinzaine de jours. Elle peut gagner le nord de l'Inde par le Sikkim grâce en partie aux 500 roupies qu'elle emprunte à Macdonald et aux papiers nécessaires.
5. Son retour
À son retour, dès son arrivée au Havre le 10 mai 1925, elle mesure l’extraordinaire célébrité que lui vaut son audace. Elle fait la une des journaux et son portrait s’étale dans les magazines. En 1928, elle achète une petite maison à Digne-les-Bains. Elle y écrit plusieurs livres relatant ses différents voyages.
6. Direction la Chine
En 1937, à soixante-neuf ans, Alexandra David-Néel décide de repartir pour la Chine avec Yongden via Bruxelles, Moscou et le transsibérien. Son but est d'étudier l'ancien « taoïsme », un des trois piliers de la pensée chinoise. Elle rejoint le 4 juillet 1938 la ville tibétaine de Tatsienlou pour une retraite de cinq ans. L'annonce de la mort de son mari en 1941 l'affecte profondément. En 1945, elle rejoint l'Inde. Elle quitte définitivement l'Asie avec Aphur Yongden par avion au départ de Calcutta en juin 1946. Le 1er juillet, ils arrivent à Paris, où ils restent jusqu'en octobre, puis rejoignent Digne-les-Bains.À 78 ans, Alexandra David-Néel rentre en France pour régler la succession de son mari, puis recommence à écrire depuis sa maison de Digne.
7. L’écrivaine
En 1952, elle publie les Textes tibétains inédits. En 1953, les suit un ouvrage d'actualité, Le vieux Tibet face à la Chine nouvelle. Le 7 octobre 1955, Yongden meurt. En 1964, à 95 ans, Alexandra dédie son dernier ouvrage, Quarante siècles d'expansion chinoise, à son collaborateur fidèle, Yongden, mort quelque dix ans plus tôt. Elle s'éteint le 8 septembre 1969, à presque 101 ans. Ses cendres sont transportées à Vârânasî, situé dans l’État indien d’Uttar Pradesh en 1973 pour être dispersées avec celles de son fils adoptif dans le Gange.
8. Hommages
Alexandra David-Néel a été nommée chevalière de la Légion d'honneur le 31 décembre 1927, puis officière le 27 février 1954. Le 30 décembre 1963, elle est faite commandeure. Elle est reconnue comme l’une des plus grandes exploratrices du 20e siècle.
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Commentaires
Un récit complet, structuré permettant de nous apprendre et de faire connaitre cette orientaliste, tibétologue, chanteuse d’opéra, féministe, journaliste, anarchiste, écrivaine, exploratrice et bouddhiste française ayant vécu 101 ans, je voulais rajouter (dans les Hommages( partie 8))qu'une médiathèque Saint-Prix porte son nom.
J'ai moi-même fait un exposé (et dons des recherches associées) sur cette personne fascinante.
Toutes mes félicitations, continuez ainsi!